Les 27 et 28 mars derniers, j'ai interrogé, tour à tour, le Ministre du Budget, André Flahaut, ainsi que la Ministre de l'Education, Marie-Martine Schyns, concernant les effets du Pacte pour un Enseignement d'excellence sur le coût budgétaire du redoublement. A ce propos, je lui ai rappelé le nombre impressionnant d'élèves, au nombre de 75.000, considérés comme trop âgés pour être pris en compte dans le calcul des subventions reversées par le fédéral au Gouvernement de la FWB pour financer l'enseignement obligatoire. En effet, le taux élevé de redoublement en Communauté française (48 pour cent des élèves de 15 ayant redoublé au moins une fois) a de multiples conséquences, notamment budgétaires.
La Ministre Schyns m'a transmis les derniers chiffres en la matière : 400 millions d'euros de coût annuel ce qui représente l'équivalent d'un dixième de l'enveloppe budgétaire totale consacrée à l'enseignement obligatoire en Communauté française ! Or, et c'est d'ailleurs la raison de mon interpellation, un des objectifs du Pacte pour un Enseignement d'excellence est de réduire le redoublement de 50 pour cent d'ici à 2030. Mais en lisant de manière approfondie la mesure, l'économie réalisée ne serait que de 80 millions d'euros. Pourquoi ce chiffre ? J'ai demandé la méthodologie à la Ministre et cette dernière m'a informé que le décrochage scolaire faisait économiser 240 millions d'euros. 400 moins 240 vaut donc 160 millions, autrement dit le coût final du redoublement. Ainsi, une réduction de moitié de ce dernier équivaut à 80 millions.
Je m'inquiète de cette analyse qui a pour hypothèse qu'une diminution du redoublement entraîne de facto une diminution du décrochage scolaire. En réalité, les 3 mesures de lutte contre le redoublement préconisées par la Ministre sont :
- l'allongement du tronc commun, c'est-à-dire, maintenir les élèves dans l'enseignement général jusqu'à 15 ans : Le MR n'y est pas favorable puisqu'un élève qui serait plutôt manuel et ayant plus de difficultés à suivre un enseignement général se démotivera sans doute d'autant plus, d'où un risque justement accru de décrochage !
- le renfort des moyens et de l'encadrement en maternel : le MR y est favorable.
- l'augmentation de la remédiation : J'y suis évidemment favorable mais je reste sceptique quant aux moyens et à la mise en exécution de cette mesure. En effet, la remédiation la plus efficace pour les élèves en difficulté étant l'accompagnement individualisé, qui coût très cher ! Or, il y aurait moyen de miser davantage sur l'apprentissage à l'école, c'est-à-dire, augmenter les moments de mémorisation et de révision directement en classe.
En somme, je resterai attentive à cet important dossier qui concerne tant les finances limitées de la Fédération Wallonie-Bruxelles que l'acquisition des savoirs et des connaissances de nos élèves. L'objectif final étant d'améliorer considérablement la qualité de l'enseignement auprès de tous les élèves !
NB : Voici les chiffres mis en exergue par le journal Le Soir n°86 paru le 11 avril 2017 :